Pascal Paoli Humaniste et Franc Maçon.




Note des rédacteurs du blog.

Pascal Paoli, ( initié Franc-Maçon,  le 15 juin 1778, au sein de la Loge «Les Neuf Muses Londres.)  grand précurseur des libertés, qui l’a témoigné par son action et la rédaction de sa constitution, qui fut à l’origine notamment de celles des États Unis, nous vous présentons un méridional, engagé en son temps pour l’amélioration de l’humanité.

Le texte qui vous est présenté , résume l’essentiel de l’engagement de Pascal Paoli, et donne un profil du personnage intéressant  pour ceux qui ne le connaissent pas.

Ce texte est issu du web, mais hélas nous ne connaissons pas son rédacteur, qui soit t’il,  nous le remercions pour son travail concis, mais non moins de qualité et très pédagogique.

 Courrier de la Grande Loge Unie d'Angleterre
attestant l’appartenance de Pascal Paoli à la Franc Maçonnerie.
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Pascal Paoli et la Constitution pour la Corse de 1755

En 1730, s'achève la domination qu'a exercée Gênes sur la Corse en continu depuis 1570. Commence alors la Révolution corse qui durera 40 ans jusqu'à la prise de possession de la Corse par la France, à qui Gênes la cèdera.

C'est une insurrection paysanne en réaction à l'impôt qui lance le mouvement, mais elle s'explique également par d'autres raisons: la faiblesse et la corruption d'une justice qui ne parvient pas à régler le problème des neuf cents crimes de sang annuels et le despotisme dédaigneux des autorités gênoises. Cette insurrection éclate dans une société divisée en intérêts économiques divergents : la paysannerie, les notables ruraux, les marchands et hommes d'affaires des villes qui profitent du relatif dynamisme commercial de Gênes, le clergé lui-même partagé entre évêques gênois et prêtres des paroisses plus proches du peuple et qui apportent souvent leur soutien à la révolution. Les insurgés eux-mêmes sont divisés, en clans rivaux et en clivages régionaux, le Nord et le Sud, l'en-deça des monts et l'au-delà des monts.

Les choix politiques sont également à la mesure de la division des individus, partagés entre l'indépendance, la recherche de la protection d'un prince étranger et l'obtention de concessions auprès de Gênes.

Ces déchirements expliquent que les Corses n'aient pu finalement dans cette même période se débarrasser de l'occupant qui restera peu ou prou présent, au moins dans les ports fortifiés. Ce qu'on appelle la révolution corse, est en fait un temps troublé: « De temps à autre, les belligérants reçurent des appuis étrangers. Les Gênois, de l'empereur Charles VI (1731-1732). ensuite de la France, à partir de 1738, de manière intermittente, jusqu'à ce qu'ils eurent cédé leurs droits sur la Corse à Louis XV en 1768. Les insurgés bénéficient d'interventions de la part de l'Angleterre, de la Sardaigne et de l'Autriche lors de la guerre de la succession d'Autriche. » (Dorothy Carrington, ouvrage cité en fin d'article, p. 39).

                  Les insurgés avaient tenté de légiférer une première fois en 1735 : le pouvoir était confié à trois généraux (dont le père de Pascal Paoli), qui vont s'appuyer sur des assemblées populaires souvent réunies entre 1739 et 1750 au point qu'on a pu parler de fornle de gouvernement parlementaire. Il faut attendre l'assassinat d'un des chefs de la révolte, Gaffori, pour qu'on voie enfin apparaître Pascal Paoli.

Qui est-il? C'est le fils de Hiacynthe, cité plus haut; celui-ci s'est réfugié avec son fils à Naples en 1739. Pascal Paoli y servira dans un régiment dont son père sera le colonel. Lorsqu'il est appelé par les insurgés pour succéder à Gaffori, il a trente ans. En juillet 1755, il est élu général. Il réunit en Novembre 1755 une assemblée qui va débattre de l'organisation politique future de la Corse; il rédige le rapport final; c'est ce rapport que l'on appellera la Constitution de 1755.

Qu'est-ce que cette constitution qui a été considérée comme la première constitution démocratique au monde? Quel est son contenu? c'est un document de 9 pages qui, plus qu'une constitution au sens contemporain du terme, apparaît comme un texte évolutif, définissant quelques principes de gouvernement, mais qui reste très bref. Paoli et sa constitution ont bénéficié au XVlII ème siècle d'une réputation extraordinaire, ils sont ensuite tombés quelque peu dans l'oubli, occultés par une constitution qui aura une plus grande aura, celle des Etats-Unis.
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Cette constitution pose un principe nouveau : le droit des peuples, le peuple est la seule source légitime du pouvoir. La souveraineté populaire est affirmée dans les premières phrases du texte : « La diète générale du peuple de Corse, légitimement maître de lui-même...».
La liberté est considérée comme un droit naturel « ... ayant reconquis sa liberté... »
La nation est entendue comme peuple souverain « ... voulant donner à son gouvernement une forme durable et permanente en la transformant en une Constitution propre à assurer la félicité de la nation. »
A la tête de l'Etat, le général de la nation qui s'appuie sur des assemblées.

Un conseil d'état de 142 membres élus, soumis à la rotation des fonctions, organisé en trois chambres, la première chargée des affaires politiques, la deuxième de la guerre, la troisième des affaires économiques. Il a un rôle exécutif.

Une diète générale, qui reçoit la reddition de comptes du général et des fonctionnaires. Ses membres sont élus au suffrage universel. Elle constitue le pouvoir législatif, c'est une assemblée indépendante où ne siège pas le général de la nation, Pascal Paoli. Elle édicte les lois, fixe l'impôt. Elle « possède un pouvoir de censure et de destitution à l'égard de n'importe quel membre de l'exécutif, Paoli y compris»

Un tribunal élu, trois juges et un chancelier. Son travail sera relayé dans les régions par un juge dans chacune de celles-ci. Les honoraires de ceux-ci sont précisés. Quant aux lois sur lesquelles ils s'appuient, elles sont très dures (afin d'en finir avec la vendetta, la « justice» familiale). C'est le pouvoir judiciaire.
                  La Constitution précise également, dans le cadre de la défense du pays, que les capitaines et
lieutenants d'armes seront changés chaque année.

A la lecture de ce texte, on peut considérer comme certaine l'influence de Montesquieu, en particulier dans la séparation des pouvoirs, mais aussi dans les pouvoirs étendus que s'est réservés Paoli en tant que général de la Nation: en effet, « les Lumières », que Paoli a connues dans son séjour napolitain et par ses contacts maçonniques, ont été influencées par les théoriciens de la Cité dans l'Antiquité, Platon, Plutarque, les stoïciens, qui ont mis au cœur de leur pensée politique le thème du « roi philosophe ». Mais, à côté de ces influences philosophiques, il y a une tradition propre à la Corse, d'élections dans les communes, même sous la domination gênoise. L'intermède royal lui-même de quelques mois avec Théodore de Neuhoff, couronné en avril 1736, est fondé sur l'élection autour du roi.

Ce texte est novateur. 11 s'accompagne de pratiques positives liée aux Lumières: le droit de vote, entre autres, fondé sur l'âge exclusivement, et accorde à tous. quelle que soit la confession, ce qui permettait aux juifs de voter, mesure originale dans l'Europe de l'époque. L'enseignement est gratuit, une université est créée à Corte. Paoli a donc mis en place une remarquable structure étatique. Son œuvre a impressionné l'Europe de l'époque, comme en témoignent les marques de sympathie adressées par de nombreux chefs d'état comme l'électeur de Saxe ou Catherine de Russie.

Toutefois l'histoire ne se confond pas avec la géographie. A y regarder de plus près, le thème de la division des pouvoirs, dans la Constitution de 1755, présentée comme un modèle d'équilibre constitutionnel est mis à mal au sein du Conseil d'état, où se mêlent pouvoir exécutif et judiciaire. La démocratie corse, mythique, connaît en fait des dérives où apparaissent manipulations électorales et mesures autoritaires, qui s'expliquent tant par les divisions évoquées plus haut que par la personnalité même de Paoli.

La figure de celui-ci paraît tout compte fait très contrastée: chef d'état démocrate adoré par la nation ou chef d'état aux tendances aristocratiques et despotiques? Il a, semble-t-il, bien essayé de faire régner l'égalité et la liberté, mais il ne pouvait gouverner ni avec les notables (hostiles aux réformistes) ni sans les notables (qui lui apportent moyens et clientèles), Paoli était conduit à subir le poids des traditions: le contexte local reste très fort.

Il n'empêche, l'Histoire, dans une parenthèse de 49 ans d'indépendance relative, a voulu en faire, à tort ou à raison, le père des constitutions démocratiques. L'aristocrate écossais James Boswell et J.1. Rousseau ne contribueront pas peu à cette réputation.

L'expérience politique d'une constitution corse, si imparfaite soit-elle avec ses luttes d'intérêts et ses incohérences ponctuelles, s'arrêtera le 9 mars 1769 avec la défaite de Ponte Novu, la Corse passant sous le contrôle de la monarchie française. Paoli s'embarquait pour l'Angleterre ... mais là commence une autre histoire.




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Bibliographie. sommaire:
- La constitution de Pascal Paoli, /755.
Préface de lM. Arrighi. Traduction, notes, commentaire et analyse: Dorothy Carrington. La Marge. Ajaccio 1966.
- Pasquale Paoli, Corse des lumières, M Bartoli
Réédition 1999, préface (avec bibliographie récente) de G.x. Culioli



GÉNÉALOGIE
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Si vous voulez lire la constitution  de Pascal Paoli, cliquer sur le lien ci-dessous.


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